Sur courant alternatif, les Bleus ont fait montre de courage, d’envie et d'abnégation. Ils l’ont emporté à l’issue d’une finale pleine de rebondissements et surtout d'enseignements pour le tandem Didier Dinart / Guillaume Gille qui façonne son groupe. Certes, la victoire s'est dessinée à l’issue des tirs au but, après un « hold-up » dans le money-time, mais elle fait du bien au moral, avant les grosses échéances qui se profilent.

crédit photo : S.Pillaud / FFHandball
Du bon et du moins, une défense qui doit se régler
Rien ne fut facile, au cours de cette finale, contre une équipe d'Espagne qui pratique un handball attrayant, avec des jeunes joueurs qui, à l’instar des Français, montent également en puissance. Les cadres que sont Rodrigo Corrales, Alex Dujshebaev, Joan Canellas ou encore Ferran Solé se sont montrés précis et c'est selon une certaine logique que la Roja a pris les commandes du match. Avec un contexte qui présente des similitudes de part et d’autre, les deux collectifs sont dans la nécessité de faire une revue d’effectif, compte-tenu des défections, pour préparer au mieux les échéances qui s’annoncent. Offensivement, le jeu français s'est plutôt bien articulé autour de Dika Mem (MVP du match), et avec Mathieu Grébille et Luc Abalo sur les ailes. Vincent Gérard a signé quelques arrêts et permis de maintenir la barque à flots lorsque la défense montrait quelques signes de fatigue. Les Ibères, fidèles à leur réputation, ont fait circuler proprement ce ballon et les prises d'intervalles ont été parfaitement maîtrisées par les arrières.
Côté tricolore, nul doute d’une volonté de donner du temps de jeu aux jeunes. L'équipe de France accuse un retard de 3 buts au terme d'un premier acte sous l'emprise de l’Espagne qui mène 18 à 15 à la mi-temps.
Yann Genty sonne le vent de la révolte
Cette prise de pouvoir des équipiers d'Alex Dujshebaev se poursuit au retour de la pause réglementaire et l'écart reste à 3, voire 4 buts en faveur de nos « amis » espagnols. Le flanc droit des Bleus souffre face aux incursions des rouges et il faut tout le talent de Yann Genty pour ne pas prendre le bouillon. L’actuel portier de Chambéry, en partance pour le PSG à la fin de la saison, va se montrer décisif et permettre d'amorcer un retour que l'on n’osait plus espérer en quelques instants. Rodrigo Corrales n'est pas en reste dans la cage espagnole. Gonzalo Perez de Vargas met en échec Guigou sur penalty et après un retour en grâce (23-23), la France fait à nouveau la course derrière, accusant un nouveau retard de trois buts. Ce second acte va clairement se jouer à l'envie et au mental ! Pour preuve, le gardien de but tricolore continue d'aligner les arrêts et les doubles parades dans la foulée. Lagarde donne de sa personne, avec un rouge punitif pour Guardiola. Luc Abalo rate son face à face devant Corrales avant de rectifier le tir juste après. Pour finir, Dika Mem, en sauveur, égalise juste avant le buzzer (31-31 fin du temps réglementaire).
Dénouement inédit pour la finale
La séance des tirs au bout s’avère donc nécessaire pour départager ce petit monde. Avec une certaine roublardise bien placée, la France fait usage de ses 3 gardiens et le portier du PAUC, Wesley Pardin qui n’avait pas encore pris part au jeu durant cette finale va tenir en échec Valero Rivera sur une parade libératrice. Aucun échec côté tricolore sur la série et, comme un symbole, c'est Elohim Prandi (5 buts sur cette finale) qui, malgré une cheville douloureuse, va concrétiser la dernière salve et offrir la victoire aux siens.
Bien qu’amicales, ces rencontres de Golden League, n’en sont pas moins âprement disputées. Le regard du coach espagnol au moment de la poignée de main à son homologue Didier Dinart ne laissait d’ailleurs aucun doute là-dessus. Qu’importe, la France s'impose après un scénario assez fou et repart du Danemark, dans l’espoir de retrouver l’équipe au complet en cette fin d’année.
Petit bémol pour Nicolas Tournat qui n’a pas pris part aux réjouissances. Si tout ne fut pas parfait, l’analyse de cette Golden League devrait offrir une base de travail très intéressante pour les coachs tricolores afin de préparer au mieux l'Euro, dans la perspective de la qualification pour les JO de Tokyo.
La feuille du match :
FRANCE - ESPAGNE : 36-34 (15-18 - 31-31) Arbitres : Henrik Mortensen et Jesper Kirkholm (Dan) À Aalborg, Gigantium - 5000 spectateurs
France : Gardiens : Genty (30, 8 arrêts) - Gérard (30’, 10 arrêts) -et Pardin (1 arrêt)
Joueurs de champ : Remili (3) - Lagarde (3) - Prandi (5) - Mem (8) - Tournat - N.Karabatic (1) - Grebille (2) - Abalo (3) - Sorhaindo (c) - Guigou (5) - L.Karabatic (4) - Fabregas (1) - Claire (1) - Porte
Exclusions temporaires : Sorhaindo (24) - Fabregas (26) - Lagarde (37) - Prandi (41).
Espagne : Gardiens : Perez de Vargas et Corrales
Joueurs de champ : Maqueda (4) - Rivera (5) - Entrerrios (c) (4) - Dujshebaev (5) - Canellas (5) - Serdio (3) - Morros - Arino -Guardiola - Goni (1) - Solé (7) - Balaguer - Costoya - Figueras
Exclusions temporaires : Maqueda (18) - Guardiola (8 et 37) - Carton rouge : Guardiola.

crédit photo : S.Pillaud / FFHandball
Réactions et commentaires :
Didier Dinart : C’est un match étriqué par rapport à ce qu’on pouvait attendre après le Danemark. Il y a beaucoup d’enseignements à tirer et ce résultat est très positif. Notre équipe a une belle âme. Même menée de 5 buts, elle s’est accrochée, elle a continué à travailler, à se battre, à persévérer. La grande satisfaction est d’être revenu dans ce match en utilisant notre jeunesse et la profondeur du banc. Romain Lagarde et Élohim Prandi ont pu s’exprimer, notamment ce dernier qui marque le but de la victoire. On a aussi vu un Dika Mem rayonnant encore aujourd’hui. Luc Abalo a été efficace et il est revenu dans l’équipe avec beaucoup d’énergie et l’envie d’aider le groupe. J’aime voir des joueurs solidaires. L’horaire était particulier pour jouer un match. L’envie était là mais en 1ère mi-temps, on n’avançait pas. Puis les joueurs ont pris la teneur de la rencontre et ils n’ont pas lâché.
Dika Mem : On aurait pu baisser les bras, on était menés de 5 buts. On s’est accrochés et on a fait match nul avant de gagner aux penaltys. Cela montre la force mentale de l’équipe et il faudra continuer ainsi sur les prochains matches. Nous avons tous l’opportunité de nous exprimer, de bien jouer sur le terrain tous ensemble. C‘est le principal.
Romain Lagarde : Nous avons mis en place une nouvelle défense : c’était, en quelque sorte, la surprise de la semaine. On a bien travaillé dessus et elle avait bien marché face au Danemark. Aujourd’hui, nous avons été un peu plus relâchés et nous avons perdu quelques ballons. Il faut continuer à travailler mais c’était deux bons matches en vue de la préparation de l’Euro. Nous sommes restés soudés même dans les moments un peu durs. Yann a fait une super deuxième mi-temps. Gagner sur les jets de 7m, c’est parfait pour finir cette semaine.
Ludovic Fabregas : Cela fait toujours plaisir de gagner, quelle que soit la manière. Sur le match du Danemark, nous avions été plus présents. Aujourd’hui, nous étions un peu moins conquérants. Nous avions peu de temps de travail cette semaine mais nous avons trouvé des automatismes. En 1ère mi-temps nous étions un peu ramollis et pas vraiment dans le rythme. En 2ème mi-temps, nous sommes revenus avec plus d’intentions et d’engagement. Nous avons su revenir au score, petit à petit, sans paniquer. Au final, on gagne aux penaltys. C’est une belle réaction d’équipe. C’est aussi important pour la confiance de se dire que dans les moments faibles, nous sommes capables de revenir.
Témoignages recueillis avec le concours du service presse de la FFHB que nous remercions chaleureusement.