Une épée de Damoclès planait sur la tête des Français après leur défaite face au Portugal et la nécessité de battre la Norvège. Une victoire ou rien et avec si possible 4 buts d'écarts. Voilà la condition pour croire encore au rêve d'accession au tour principal. Hélas, la défaite est au rendez-vous (26-28), synonyme d'élimination avant même ce dernier contre la Bosnie. Il faudra chercher sa qualification pour Tokyo lors du prochain TQO en France, mais avant le temps sera venu d'analyser cet échec et surtout remettre le navire à flot.

crédit photo : Stanko Gruden / kolektiffimages
Les deux billets pour le tour principal de ce groupe sont désormais distribués avec la Norvège et le Portugal qui sont les heureux lauréats. La France va donc passer par la case TQO en avril prochain sur son sol pour prétendre rejoindre les JO de Tokyo. Un dernier baroud d'honneur ce mardi contre la Bosnie elle aussi hors course (mardi 20h30), avant de prendre l'avion et de repartir en France.
La perspective des JO, mais avec qui ?
Le résultat parle de lui-même et de nombreux paramètres sont à prendre en considération au sortir de l'élimination des Bleus dans cet Euro. On parle de l'échec en pointant du doigt les choix tactiques et les soucis offensifs avec un collectif qui se reposait souvent sur le talent individuel. Jouer devant une ambiance hostile ou un public acquis entièrement à la cause locale, l'équipe de France savait le faire et souvent par le passé, les Bleus sont allés au bout, malgré ces facteurs. Cette fois avec la nouvelle formule, la marge d'erreur était très étroite avec comme seule issue face aux Norvégiens, une victoire pour rester en vie !
Un problème de confiance et d'entente ?

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Voilà les propos tenus par Nikola Karabatic (en photo ci-dessus) au sortir de cette rencontre face aux Scandinaves. Cela traduit-il le vrai fond du problème sur cet Euro ? La journée débutait par l'annonce du forfait du gardien Yann Genty blessé (lésion de l’aponévrose du grand psoas) et remplacé dans le groupe par l'aixois Wesley Pardin. Puis départ vers la New Nidarohallen de Trondheim pour le rendez-vous à ne pas manquer face au pays hôte.
Des temps forts et faibles comme face au Portugal, mais cette fois les Tricolores courent après le score (3-6) et en mode diesel, reviennent petit à petit. Karabatic et Ludovic Fabregas (le mvp du match) sont les détonateurs, Vincent Gérard relance ses équipiers. Le yo-yo se poursuit jusqu'au repos et c'est Fabregas qui donne ce petit plus aux Français juste avant la pause (15-14 MT).
Des choix judicieux ?
L'absence de Melvyn Richardson (non entrée en jeu), les statistiques des Prandi (1/6), Lagarde (1/3), un seul tir pour Grébille ou le 0/4 de Mem, expliquent-ils la faillite des Bleus ce soir ? Vincent Gérard va tenir la baraque, Fabregas encore lui donne de sa personne pour réussir à emmener la France vers la voie du +4 (18-15). Ce n'est pas suffisant pour troubler l'envie norvégienne et le duo Sagosen / Gullerud (19-19, 38'). Le scénario du Portugal allait-il se reproduire ? Le bras de fer qui s'était amorcé plombe les efforts français et surtout le moral, malgré un hat-trick réussi par Nedim Remili. Il y a eu de belles choses, c'est indéniable, mais manque de constance et des pertes de balles coupables... Doit-on tirer la sonnette d'alarme ou pas ? La question se pose après avoir vu ces Bleus remporter les titres ou se hisser en demi-finale. Laver son linge-sale soit, mais à bon à bon escient car n'oublions pas que 2020 est une année olympique messieurs.
Le bilan va donc être fait dans quelques jours et surtout en vue d'être prêt pour le mois d'avril et ce TQO qui va attribuer encore 2 places pour Tokyo. Cette fois, la France devra être dans le bon tempo et ne pas se manquer sous peine de manquer les JO, ce qui n'était plus arrivé depuis... 1992 ! Et oui, le temps passe vite et ne pas enterrer les Bleus certes, mais le chantier est bien là. D'autant que les Guigou, Abalo et autres cadres prendront leur retraite juste après...

La feuille du match :
FRANCE - NORVÈGE : 26:28 (15:14) Arbitres : V. Horacek / J. Novotny (CZE) Spektrum, Trondheim, 8532 spectateurs
France : Gérard (11 arrêts / 38 tirs dont 1/3 pén), Pardin; Rémili (3/6), Lagarde (1/3), Prandi (1/6), Richardson, Mem (0/4), Tournat, N. Karabatic (3/7), Grébille (0/1), Abalo (4/6), Sorhaindo, Guigou (5/6 dont 4/4 pén), Fabregas (8/9), Dipanda, Porte (1/1) - Exclusions : Rémili (2’), Guigou (11’), Mem (35’), Dipanda (44’), Fabregas (48’)
Norvège : Saeveraas (0 arrêt / 1 tir dont 0/1 pén), Bergerud (16 arrêts / 41 tirs dont 0/3 pén); Nikolaisen, Sagosen (10/15 dont 1/1 pén), Overjordet, Overby, Joendal (5/7 dont 2/3 pén), Björnsen (4/4), Gullerud (4/7), Johannessen (0/2), O’Sullivan (1/2), Tangen, Reinkind (4/9), Gulliksen, Blonz, Röd (0/3) - Exclusions : Overby (16’, 33’)
Évolution du score : 1-3 5°, 3-4 10°, 5-7 15°, 9-10 20°, 14-13 25°, 15-14 MT / 18-15 35°, 20-20 40°, 21-22 45°, 22-24 50°, 25-27 55°, 26-28 SF.
Déclarations :
Didier Dinart : Peut-être que cette élimination montre le niveau qu’on a aujourd’hui. Les garçons se sont donnés à 100% mais on n’a pas su retourner la situation. Je ne pense pas qu’il faille tout remettre en cause, on a un tournoi pré-olympique à préparer au mois d’avril. C’est un gros coup sur la tête mais les garçons n’ont pas démérité. Les garçons étaient investis mais on voit peut-être le niveau actuel de l’équipe de France. Il y a peut-être un manque d’expérience, on a su par le passé gagner contre les pays-hôtes, cette fois, on n’a pas su le faire.
Valentin Porte : Comme je disais hier, quitte à mourir, autant le faire les armes à la main, et on l’a fait. C’est horrible car on y a cru. J’ai l’impression qu’à un moment le match bascule, on le tient par le bon bout, on mène de trois buts, ils sont moins bien et je crois que ça peut bien tourner. Mais on perd deux ballons, on les remet dedans et ils redeviennent euphoriques. J’ai vu la stat des pertes de balle… La différence se fait là, parce que les arrêts sont là. C’est bizarre, c’est dur de dire quelque chose, parce que deux matchs et c’est fini, j’ai jamais vécu ça, ou très rarement. Je suis triste pour ceux qui annonçaient leur dernier Euro.
Luc Abalo : C’est nouveau d’être à cette place. On va voir comment on va digérer ça. C’est la première fois qu’on est éliminé aussi vite depuis que je suis en équipe de France. Il ne faut pas s’énerver. Ca fait un moment qu’on perd, j’espère qu’on va se relever à un moment. On a commencé cette compétition en perdant le match à ne pas perdre. En perdant d’autant, ça nous a fait prendre des risques. Et on les a payés.
Nikola Karabatic : Ce n'est pas la manière dont on voulait jouer cet Euro. Ce soir, on s'est battus, on y a cru pendant un moment, même si on faisait des erreurs on a su passer au-dessus et ne pas perdre confiance dans un match qui était très tendu des deux côtés, et à la fin, ce qui nous avait causé du tort face au Portugal... Des problèmes de réglage, des mésententes collectives, des erreurs individuelles nous ont coûté cher, et ça ne pardonne pas face aux vice-champions du monde, en plus chez eux. On est tristes et très déçus, ce n'est pas le résultat qu'on doit avoir quand on porte ce maillot.
Avec l'aimable concours du service presse de la FFHB